Le Syndrome Connard

Salut les Smourbiffs !

Premier article suite à la redirection de ce blog (voir cet article pour plus de précisions.) Aujourd’hui, nous nous attaquerons à ce que j’appellerai le Syndrome Connard. Vous y avez tous été confrontés, vous en avez tous été victimes (moi le premier, mea culpa, mea maxima culpa) tout cela sans même y penser. Prenons un exemple simple : Un film vient de sortir au cinéma. Vous êtes allé le voir et avez détesté. Sur internet, vous voyez des gens encenser ce film. Diantre ! vous dites-vous (oui, vous parlez comme ça, vous avez du style et du panache, même quand vous jurez). Diantre, donc, ces gens ont aimé une telle bouse ! Ils sont forcément stupides et ont des goûts de merde ! Allons de ce pas leur faire remarquer que je détiens l’absolue vérité et qu’ils sont trop cons pour savoir ce qui est bon ! Et aussitôt dit aussitôt fait, vous vous fendez d’une magnifique tirade parsemée d’insultes plus ou moins cachées. Immédiatement, ça ne manque pas, les gens vont venir se défendre (ce qui est bien normal.) Sauf qu’au lieu de se défendre en argumentant, en expliquant pourquoi ils ont aimé ce film, en vous questionnant pour que vous développiez votre point de vue, ils vont vous insulter et vous dire que si vous n’avez pas aimé, c’est que vous vous avez des goûts de merde, ne comprenez rien au cinéma ou bien que vous êtes trop stupide pour saisir le génie du film. Résultat des courses : Des insultes échangées, parfois sur des dizaines de commentaires, pour qu’au final, vous et vos adversaires campiez sur vos positions. Le débat aura été stérile, et vous aurez perdu deux heures de votre vie.

Vous pouvez inverser les rôles ou imaginer un autre contexte que le cinéma si vous préférez, mais le fait est qu’on a tous connu ce genre de situation et qu’on s’est tous prêté au jeu. Mais qu’aurions-nous pu faire pour sortir grandis de cet échange ? Je ne prétends pas apporter LA solution, mais imaginons qu’au lieu de descendre les gens qui ont aimé le film, vous descendiez le film en lui-même, avec arguments, et surtout : avec respect pour les gens qui eux, ont aimé ce film. A l’inverse, les valeureux défenseurs du film qui sont tombés à votre niveau (depuis tout à l’heure je dis « vous » mais c’est juste pour la démonstration, hein, je ne vous accuse pas directement. Même si je vous ai à l’œil, petits fifrelins…) ne valent pas mieux. Peut-être aurait-il mieux valu qu’ils répondent à vos provocations par un argumentaire construit défendant le film et en vous demandant d’étoffer vos propos, sans quoi votre discours ne vaut rien. Et là, à moins que vous ne soyez un troll des cavernes niveau 99, vous allez développer, ce qui amènera à une discussion qui sera peut-être enrichissante pour vous comme pour les autres. Peut-être vous direz-vous « ah oui, c’était pas si mal, tel ou tel élément, c’est vrai », ou peut-être eux se diront-ils « c’est vrai que ça et ça c’était assez maladroit, je ne l’avais pas vu. »

Pourquoi ce besoin constant d’écraser les autres, de les dénigrer, de les humilier, de se montrer supérieur ? Apporter une réponse précise est difficile, mais nous pouvons formuler des hypothèses. Est-ce la société qui nous façonne ainsi, à force de nous demander d’être de plus en plus compétitifs et impitoyables ? Peut-être sommes-nous tellement écrasés par le stress quotidien, par un job que l’on déteste et où on se sent dévalorisés, par notre sentiment d’impuissance face à l’actualité ou à la politique, que l’on ressent le besoin d’écraser les autres pour nous sentir exister ? Peut-être qu’on ne nous apprend plus suffisamment le respect ni l’esprit critique. Peut-être qu’on donne trop d’importance à l’ego. Peut-être aussi que l’anonymat fourni par internet donne du courage à ceux qui, autrement, n’oseraient pas s’affirmer. Ça peut sembler une bonne chose, et pourtant, la façon dont on s’affirme derrière son écran est souvent bien négative. Il ne s’agit pas d’oser exprimer son avis, mais de rabaisser les autres pour se sentir supérieur. Nul doute que si on pouvait manger un marron dans la tronche au travers d’un écran, les commentaires offensifs de ce genre se feraient bien plus rares (et oui, je viens de faire l’apologie du marron dans la tronche, et j’assume.)

Ce qui est paradoxal, c’est que si en apparence on cherche le conflit, on a aussi tendance à le fuir comme la peste (le conflit, hein.) Qui d’entre nous n’a jamais soigneusement évité de parler politique ou religion avec ses proches ? Qui n’a jamais masqué les publications d’un ami sur son réseau social parce qu’il partageait des idées opposées aux nôtres ? Quand il s’agit d’inconnus sur internet, pas de problème pour aller fièrement guerroyer, mais quand il s’agit de nos proches, on n’ose plus du tout l’ouvrir. Pourquoi ? Une discussion sur de tels sujet doit-elle forcément entraîner un conflit qui risquerait de briser une relation ? Là encore, pourquoi ne pas imaginer une discussion saine et empreinte de respect qui déboucherait, peut-être pas sur l’une ou l’autre partie qui changerait d’avis, mais au moins sur un enrichissement mutuel ? Même si on ne fait pas changer d’avis son interlocuteur, il est toujours bénéfique de comprendre pourquoi il raisonne ainsi et réciproquement.

Je sais que c’est une chose difficile à faire, car nous sommes dans cette dynamique qui veut que l’on écrase les autres sans chercher à se mettre à leur place, mais je vous propose un petit exercice. La prochaine fois que vous hanterez internet comme une âme en peine (et ne mentez pas, vous le ferez très rapidement, vils fripons !) avant de commenter quelque chose, essayez de vous mettre à la place des autres. Après tout, derrière ces pixels, ce sont des êtres humains, comme vous et moi, dotés des mêmes qualités et des mêmes défauts. Essayez de les questionner afin de les comprendre, essayez de vous justifiez à l’aide d’arguments pertinents plutôt qu’à grands coups d’insultes ou d’humiliation. Et avant de cliquer sur « envoyer », vérifiez que votre commentaire soit poli et respectueux, même envers les pires trolls des confis de la galaxie. Peut-être qu’internet ne sera pas une endroit plus agréable de manière perceptible, vu la vaste majorité de victime du Syndrome Connard, mais au moins, vous pourrez être fier de contribuer à améliorer la communauté à votre échelle. Sois le changement que tu voudrais voir dans le monde, comme l’a un jour dit Gandhi.

Si vous vous prêtez au jeu, n’hésitez pas à me faire part de votre expérience dans les commentaires. De même, si vous avez vos propres théories sur le pourquoi de ce manque de respect, ou sur les solutions possibles, n’hésitez pas à partager. Enfin, si vous êtes un troll des cavernes niveau 99, c’est aussi dans les commentaires que ça se passe, mais bon, quand même, c’est un peu triste, vous devriez faire quelque chose de votre vie.

Sur ce je vous laisse ; j’ai entendu des gens dire que le nouveau film La Momie était un chef d’œuvre incompris, je me dois d’aller leur faire remarquer qu’ils sont trop cons et qu’ils n’ont rien compris ni au cinéma ni à la vie !

4 réflexions sur “Le Syndrome Connard

  1. En fait dès fois t’as besoin d’un bon gros défouloir! du coup t’as besoin d’insulter les autres et de te prendre la tête ou d’être mesquin ! (j’ai déjà donné mon opinion sur un article par ci par là sur facebook et après des années à expliquer pourquoi j’avais dit ceci ou cela après m’être fait rembarré par des gens j’ai développé la mesquinerie! à leur dire des choses sur le ton de l’ironie, à les tutoyer directement et à mettre des smiley de bisous ou des coeurs – ce qui a tendance à ajouter à la pure mesquinerie).
    Il y a des fois tu as essayé de faire comme tu as dit, de dire pourquoi tu n’aimes pas le film et de ne pas écraser les gens qui ont aimaient, sauf que pareil après s’être fait rembarrer plusieurs fois, tu n’as ABSOLUEMENT Plus envie d’être poli donc tu rentres dans le lard des gens avant que ce soit eux qui le fassent… je pense que c’est ça internet!
    Après en famille moi je dis « oui oui » ou j’écoute pas, comme ça au moins je suis tranquille!

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